Ces langues que parlent les femmes

Résidence de recherche-création avec la Chaire McConnell-Université de Montréal en recherche-création sur la réappropriation de la maternité : libérer la parole et le corps des femmes 

Avec Heidi Barkun et Kimberley de Jong

2020-2023

 

Réappropriations acte 1

Exposition en ligne

Printemps 2022

 

Réappropriations acte 1 +

Exposition en ligne + installation itinérante dans les bibliothèques des sciences de l'Université de Montréal

Automne 2022

 

Expostion de fin de résidence

Centre d'exposition de l'Université de Montréal

Janvier 2024

 

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La Chaire McConnell-Université de Montréal en recherche-création sur la réappropriation de la maternité : libérer la parole et le corps des femmes est un projet mené par les professeur.e.s Marie-Marthe Cousineau, François-Joseph Lapointe et Vardit Ravitsky. Artistes, chercheur.e.s-créateurs.trices, chercheur.e.s et étudiant.e.s s’y intéressent à la problématique contemporaine des violences obstétricales dans un contexte plus général de violences faites aux femmes ainsi qu’à la réappropriation de la maternité. Par le biais de résidences d’artistes, d’expositions et de rencontres de recherche-création interdisciplinaires, la Chaire souhaite apporter un regard original sur les enjeux médicaux et éthiques liés à la reproduction et la maternité, incluant les étapes de la procréation, de la grossesse, de l’accouchement et de l’allaitement.

 

 

Ces langues que parlent les femmes

 

Quels sont les tabous liés au désir d’avoir un enfant, à la grossesse, à l’accouchement, à la maternité et au suivi médical?

 

Ce projet de recherche-création vise à rassembler des expériences contemporaines, multiples et diversifiées de la maternité et du désir de maternité en s’intéressant plus spécifiquement à la question des violences obstétricales. Tout au long du projet, ces expériences et témoignages seront transformés en œuvres visuelles à être présentées lors d’une exposition au CEUM-Centre d’exposition de l’Université de Montréal.

 

Ce projet de résidence à l’Université de Montréal me permet de revenir à une partie de mon travail d’atelier et de performance qui s’intéresse à la prise de parole de personnes rencontrées qui acceptent de me livrer, pour quelques instants ou plusieurs heures, le récit de leur corps. Par le passé, ces récits ont été de formidables moteurs de réflexion et de création que j’ai cherché à traduire par le dessin, la sculpture, la vidéo et la performance afin de les rendre publics. Je suis habitée par cette idée – sans doute un brin naïve – que l’on peut aménager un espace collectif, à même l’espace public, pour que ces paroles puissent être entendues et vues. Par mon travail, je cherche à complexifier histoires, connaissances et expériences, à les troubler davantage pour tenter de faire émerger des questionnements et des étonnements, pour (re)faire émerger la parole.

 

Lien vers le blogue dédié au projet ici

 

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Réappropriations acte 1

Avec Heidi Barkun, Caroline Boileau et Kimberley de Jong

Commissariat de Marianne Cloutier

 

Exposition en ligne

Printemps 2022

 

Elle m'a dit

 


Vidéo HD couleur, son, 8:12, 2021

Caméra : Caroline Boileau, Anaïs Ciaran

Animation 2D : Jean-Paul Moïse

Son : Caroline Boileau

 

Elle m’a dit : « Je voulais accoucher comme une guerrière ».

Elle m’a dit : « Attachée sur la table, je sentais tout, c’était un cauchemar ».

Elle m’a dit : « Il y a tellement eu de doigts dans mon vagin ».

Elle m’a dit : « Je me suis masturbée entre les contractions ».

Elle m’a dit : « Les derniers moments, c’était comme du miel, sticky et doux ».

Elle m'a dit :  « Mon corps savait exactement quoi faire » !

 

 

une fable féministe, un voyage à travers le corps et le temps.

 

Cette vidéo rassemble des gestes performatifs et une animation créée à partir d’anciennes illustrations d’utérus. La vidéo s’ouvre sur des plans de performances explorant, d’une part, le poids de la responsabilité ressentie à la suite des entretiens menés auprès de femmes et, d’autre part, l’autoexamen gynécologique, qui encourage toute femme à mieux connaitre son corps. La partie centrale de la vidéo propose un voyage où l’utérus se transforme en jardin, à la fois drôle, tendre et inquiétant et dont tous les éléments sont tirés d’illustrations médicales du Moyen-Âge jusqu’au 20e siècle. 

 

J’aime revisiter l’histoire en ramenant ces formes et façons de comprendre le corps et le monde à notre présent pour observer ce qu’elles ont à nous dire. Ces mots et ces images, trop souvent sexistes et misogynes, me troublent profondément. Je prends un malin plaisir à plier le temps entre hier et aujourd’hui, à risquer la confrontation entre des images anciennes et des paroles actuelles, à confronter l’histoire écrite et l’expérience vécue, le texte imprimé sur papier et la parole murmurée à l’oreille. Comment alors créer des images qui parlent de violence avec douceur? En acceptant leur ambivalence, je crois. En acceptant qu’elles oscillent entre plusieurs pôles. Il s’agit ici d’accepter de troubler et d’être troublée pour libérer la parole. 

 

Une trentaine de femmes ont été rencontrées lors d’entretiens variant entre une et trois heures. Elles m’ont raconté l’histoire de leur corps, du désir d’enfant à la grossesse, de l’accouchement à la maternité avec tous les deuils potentiels et présents à chacune de ces étapes. Pour certaines, c’était la première fois qu’elles avaient l’espace et le temps de raconter sans s’arrêter et sans rien taire. Leurs expériences, les mots utilisés, ont été traduites par le dessin, témoin fragile de ces rencontres denses. Elle m’a dit est en partie inspirée par ces expériences qui m’ont été confiées et en partie composée de performances me permettant d’expérimenter de façon métaphorique et à travers mon corps les récits de ces femmes.

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Réappropriations acte 1 +

Avec Heidi Barkun, Caroline Boileau et Kimberley de Jong

Commissariat de Marianne Cloutier

 

Exposition en ligne + installation itinérante dans les bibliothèques des sciences de l'Université de Montréal

 

15 septembre au 6 octobre – Bibliothèque Marguerite-d’Youville  

Pavillon Marguerite-d'Youville, 2375, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, salle 2120

 

13 octobre au 8 novembre – Bibliothèque de la Santé

Pavillon Roger Gaudry, 2900, boul. Édouard-Montpetit, 6e étage, salle L-623

 

16 novembre 2022 au 16 janvier 2023 – Bibliothèque des sciences

Complexe des sciences du campus MIL, 1375, avenue Thérèse-Lavoie-Roux, Montréal, salle A-150

 

Table ronde avec Caroline Boileau, Marianne Cloutier, François-Joseph Lapointe et Andrée Rivard.

Bibliothèque de la santé de l'Université de Montréal

le Jeudi 20 octobre 2022

 

 

 

 

 


Elle m’a dit : accumulons les contradictions, acceptons l’ambivalence, revendiquons la complexité!, 2022 

Aquarelles sur papier et sur carton, impressions numériques sur papier, livres, carnet de notes et de croquis, corail et pierre, support de métal, vidéo (8 min 12 sec).

 

Elle m’a dit s’inscrit dans une série d’œuvres créées autour des tabous liés à la maternité, à l’accouchement et aux différentes formes de violences qui peuvent y être vécues.  Les expérimentations performatives, les vidéos, les dessins, les textes, les sculptures et les objets divers qui forment ce corpus – et qui s’inscrivent dans un plus vaste projet de recherche-création intitulé Ces langues que parlent les femmes – sont tous interreliés. Ils forment un tout cohérent, révélateur et empreint de sens, et ils se contaminent les uns les autres puisqu’une œuvre ou un objet sert souvent d’accessoire ou de matière à dialogue pour la création suivante. Ces œuvres s’inspirent également du riche matériau que furent les entretiens conduits par Caroline Boileau avec une trentaine de femmes, qui ont accepté de raconter leur vécu récent ou lointain en lien avec la maternité. Ainsi, des paroles prononcées lors de ces discussions se retrouvent dans Elle m’a dit, au côté de dessins peuplés de figures magnifiques et monstrueuses qui semblent elles aussi habitées de ces mêmes récits. Elles démontrent bien l’ambivalence de l’expérience de la maternité, mais aussi l’oscillante complexité dans laquelle elle place le corps. L’installation laisse ici entrevoir la méthodologie de travail de Boileau et l’aspect transversal de ses questionnements, lesquels s’immiscent dans l’univers des sciences, de la médecine et de l’obstétrique. Elle nous plonge dans l’histoire de ces disciplines, leurs discours et leurs représentations du corps féminin, questionnant par le fait même les rapports de pouvoir qui les sous-tendent.

Texte de Marianne Cloutier